En cette rentrée chez les Croqueurs de Môts, voici ce que Lilousoleil propose pour le défi 310 :
Qu’avez vous fait pendant cette longue escale caliente ? Eh bien vous vous êtes baladés et vous avez trouvé au cours de votre rando une vieille chaussette. Elle était dans les fougères, sur la mousse, accrochée à une branche, au sommet du Ventoux ou dans la mare des canards. A vous de nous expliquer ce que cette banale chaussette pouvait bien faire là.
Il m’est arrivé une aventure cet été lors d’une étape de mon Chemin de Saint Jacques de Compostelle que je vous raconte. …
“La sortie de secours est à l’intérieur de nous-mêmes.”
Julien Green
Coucou les amis,
Voici mon petit message pour commencer la journée avant d’entamer une nouvelle étape, afin de partager, le récit de mes deux dernières journées qui ont été à la fois belles et éprouvantes.
Avant hier commençait un peu de façon maussade. La nuit avait été plutôt blanche, sans doute à cause de la lune qui prenait une forme bien ronde. La veille il avait fait caniculaire, j’en ai profité pour laver mes chaussettes et les pendre aux fenêtres de ma voiture, pour qu’elles sèchent à l’abri d’une intempérie quelconque et j’ai eu une bonne intuition !
Le matin le ciel était chargé de gros nuages ne laissant aucune chance au soleil de pointer son nez Très vite il s’est mis à pleurer, il était inconsolable.
Ne voulant pas me laisser abattre, très vite je me suis préparée pour être prête à 10h . J’ai plié mes chaussettes et les ai rangées dans mon sac à dos que je laisse dans ma tente. J’avais envie d’un bon café que j’ai bu à l’accueil du camping. C’était du jus de chaussettes pire que ça, de la pisse d’âne J’ai eu envie de me révolter , mais bon, j’ai préféré laisser tomber et je suis partie jusqu’à mon point de départ de l’étape.
En parlant de chaussettes, en arrivant au village, je m’arrête à un bar pour cette fois prendre un très bon café
La pluie avait cessé et on passait de 18° à 20° . Je veux me mettre en tenue de combat, vous verrez un peu plus tard que le mot n’est pas trop fort
Et là je réalise que j’ai oublié les chaussettes au camping
Je n’ai d’autre choix que de rebrousser chemin, 20 minutes aller, 20 minutes retour, d’où l’avantage d’avoir la voiture. Plus j’approchai du camping, plus le ciel était plombé formant un voile brumeux. On repassait à 17 degrés
Me voici de retour au village à 12h30.
Comme il pleuvait encore, au lieu de continuer de maugréer sur tout, je me suis mis en tête que j’allais passer une belle journée, même si elle était déjà bien écourtée.
Je suis retournée au bar, j’ai grignoté un petit truc avec un autre café
J’ai demandé mon chemin à la serveuse qui ne savait pas me renseigner.
Je suis descendu jusqu’à l’office du tourisme où je me suis faite rembarrée.
La dame partait en pause et visiblement je l’emmerdais.
Finalement, j’ai repris mes cartes, mon guide et j’ai fait mon itinéraire. Il était déjà 14h, je me suis résignée à faire une courte étape que je voulais agréable.
J’ai déposé ma voiture une centaine de mètres plus haut, en sortant je vois un homme qui prenait des photos de la vallée de la Creuse, un magnifique panorama qui s’offre à nous.
Nous avons entamé une belle conversation sur les valeurs du pèlerinage quelques soient nos convictions. J’en suis ressortie apaisée et c’est ainsi que j’ai repris mon Chemin.
J’ai marché un bon moment au bord d’une départementale sinueuse au bas côtés absolument pas aménagés pour le passage de randonneurs. Et pourtant c’est le chemin à suivre.
Finalement les balises du Chemin de Compostelle me mènent au creux de la vallée de la Creuse. Une très belle balade au bord de l’eau
Il était déjà 16h45, il me restait encore 6,5km pour revenir à ma voiture, je n’avais plus d’eau et le soleil était revenu
Je croise un couple d’un âge certain qui faisait une petite balade gentille, ils étaient du coin. Je leur demande si je suis dans la bonne direction parce que mon GPS m’envoyait dans l’autre sens.
Ils me confirment que je suis dans le bon sens, que j’allais arriver à un barrage et que je devais prendre un sentier abrupte pour sortir du creux de la vallée.
Ça ne me fait pas peur, j’étais juste inquiète parce que je n’avais plus d’eau. J’arrive au barrage, il y a une maison et j’entends des voix d’enfants, je les interpelle et leur demande de remplir ma gourde. Je les questionne concernant la remontée par le sentier et comme le couple, ils confirment que c’est la seule possibilité, mais que c’est très abrupte sans me mettre en garde de ce qui m’attendait. Je me lance, le comble c’est que c’était balisé
Déjà, vu d’en bas, c’était impressionnant, j’avance, ça commence par un escalier très raide, je me dis ok, c’est dur, mais pas insurmontable. Puis commence un petit sentier très étroit penchant dangereusement vers le vide. Je m’en sors pas trop mal et de toute façon plus possible de retourner en arrière sinon c’est la chute. J’arrive tant bien que mal à faire des photos pour immortaliser l’instant complètement irréaliste. Je lève la tête et je constate que le sentier devient de plus en plus sinueux jusqu’à ne plus trouver la direction à prendre et toujours en grimpant. Je me retrouve à escalader entre les branchages, les ronces et les cailloux , le tout étant très instable. Surtout ne pas regarder en bas, me hisser juste avec la force des bras, sans ancrage des pieds.
J’ai passé cinq à dix minutes suspendue entre deux branches, réfléchissant à la manière de placer mes pieds pour monter d’un cran. Je me suis retrouvée emberlificotée dans des ronces que j’ai finalement réussi à dompter, rampant et avançant sur les genoux. Dans cette position très inconfortable, j’ai aperçu une chaussette solitaire accrochée aux ronces, et une question existentielle m’a traversé l’esprit : pourquoi et comment cette chaussette se retrouvait ici, dans un endroit où la nature règne en maître ? J’ai commencé à imaginer un(e) pauvre pélerin(e) se trouvant dans la même situation que moi, qui, pour s’en sortir, aurait retiré son pied de la chaussette, la laissant là comme un fanion planté au sommet d’une montagne en symbole de victoire. Le comble, c’est qu’au milieu de ce chaos il y avait une balise du chemin régional !
Je voyais que j’arrivai en haut, les derniers mètres étaient encore plus casse gueule, j’ai imploré Saint Antoine, qu’il me donne la force de vaincre cette épreuve. Et là j’ai puisé tout ce qu’il me restait comme énergie et j’ai vaincu
Quand je suis arrivée en haut , c’était un champ clôturé, je suis passée sous la clôture , heureusement elle n’était pas électrifiée et les vaches étaient au ravitaillement. Et là, je me suis effondrée, j’ai lâché la pression, j’étais fébrile, assoiffée et dans un premier temps , en colère
Je ne comprenais pas pourquoi, ce passage pouvait exister. J’ai repris mon plan, et rien n’indique que cela pouvait être aussi dangereux.
Puis je me suis raisonnée et me suis dit que j’ai dû rater une balise après le premier escalier.
En arrivant au bout du champ, je vois au loin une pélerine qui s’engageait dans un chemin dans ma direction. Je lui explique mon expédition périlleuse et elle pense comme moi que cette partie du Chemin est très mal indiquée et que beaucoup se perdent.
Elle était adorable, elle portait dans son sac à dos, son chat
Il me restait 2 km de macadam cette fois, pour retrouver ma voiture.
Pour me réconforter, je me suis arrêtée à un bar restaurant sympathique où j’ai pu déguster des produits locaux, c’était la consécration d’une journée forte en émotions.
Fourbue certes, mais heureuse de ma force intérieure, sans elle je ne serai pas sortie de cette impasse, c’est peut-être ça la vie
J ai trouvé cet épisode de cette étape particulièrement ardu
Qu’elle force et quel cirage Domi un grand bravo
Je confirme les offices du tourisme ont le chic pour avoir du personnel peu aimable
Bises