Pour ce défi 301, les Cabardouche prennent la barre de la quinzaine en proposant un sujet « à la manière de ».
Dans son livre intitulé : « Je me souviens » l’écrivain Georges Perec relate 480 petits souvenirs de la vie quotidienne, tels qu’ils lui reviennent à l’esprit, tout en invitant le lecteur à continuer cet inventaire.
Voici ma participation :
Je me souviens de la naissance de mon premier enfant, ce moment tant attendu où le temps semble suspendu. Mon plus grand souhait était que ce soit un garçon.
Je me souviens de l’angoisse qui m’a enveloppé lorsque la césarienne a été annoncée, une décision prise par nécessité, car le bébé était en souffrance. J’étais là, l’esprit en désordre, attendant désespérément de le tenir dans mes bras.
Je me souviens de cette séparation, d’une semaine interminable où mon bébé a dû être transféré dans un autre hôpital pour recevoir les meilleurs soins. Chaque jour, je scrutais les nouvelles que me donnait son papa, et la seule chose qui me réconfortait était cette petite photo de lui, posée sur ma table de nuit.
Je me souviens de l’espoir que ses petits doigts se referment sur les miens, de la douceur de sa peau contre la mienne, un rêve qui semblait si lointain.
Puis, après trois semaines, est venue la délivrance : le retour à la maison avec mon bébé.
Je me souviens de l’émotion qui m’a submergée en le tenant enfin dans mes bras, le début d’une grande histoire d’amour, d’une complicité inébranlable.
Je me souviens de ce moment figé dans le temps, lorsque je l’ai serré contre moi, ce petit être fragile, en lui murmurant dans l’oreille que jamais je n’en aimerai un autre que lui. La chaleur de son corps, si minuscule, contre le mien, douce promesse d’un amour inconditionnel, d’une connexion indescriptible.
Je me souviens de l’odeur délicate de sa peau, cet arôme d’innocence et de nouveauté qui remplissait l’air autour de nous.
Je me souviens des larmes qui ont coulé sur mes joues, non pas de tristesse, mais de gratitude. Gratitude d’être là, d’avoir ce cadeau entre mes bras, de pouvoir lui offrir tout l’amour que j’avais à donner.
Je me souviens de la magie de ce moment : le monde extérieur semblait s’effacer, laissant place à notre bulle de tendresse. Je lui promettais, dans ce chuchotement, d’être son refuge, son soutien, sa lumière dans l’obscurité.
Je me souviens des difficultés liées au regard des autres, de la lutte pour lui offrir le meilleur, mais même dans l’adversité, l’amour a toujours prévalu.
Je me souviens des petits moments, des éclats de rire partagés autour d’une table, des promenades au parc, des soirées paisibles. Chaque souvenir, une perle précieuse dans le collier de notre vie ensemble.
Quarante années de bonheur se sont écoulées, des rires aux larmes, des joies aux défis.
Je me souviens, et je chéris chaque instant.
Je me souviens, il y a juste un an, jour pour jour, sans un bruit, sans un cri, tu entamais ton long voyage. Pour toute consolation, il me reste ce croissant de lune qui brillait au dessus de nos têtes, ce soir là. Depuis, à chaque date anniversaire, je lève les yeux au ciel pour l’admirer.
Aussi belle soit-elle , je ne peux me résigner que tu ne sois plus là.